L’Aveyron en 1939/1945 Démographie- Economie

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Département vaste, au cinquième rang national, l’Aveyron appartient au Massif central, mais il fait figure d’arrière-pays pour le Languedoc viticole ou la région toulousaine. En 1939, l’Aveyron c’est 3 arrondissements, 47 cantons et 307 communes .

I-1 Démographie

A la veille de la guerre, l’Aveyron est un département fortement conservateur dans les domaines économiques et sociaux et excessivement marqué par le catholicisme.

EN 1939 le département est rural et agricole majoritairement, excepté le bassin où y vit un dixième de sa population. Le point culminant de sa courbe démographique est en 1886 avec 415 826 habitants, et après une phase de régression, phase qui se poursuit au-delà de la deuxième guerre mondiale, 311700 hab en 1939 .(Hécatombe de 1914/1918, le département a eu 15000 tués*, émigration massive de ses enfants, le code civil qui a la place du droit d’aînesse de l’ancien régime a institué l’égalité des enfants devant l’héritage ce qui implique le partage des exploitations agricoles comme de tous les avoirs mobiliers( l’enfant unique pour sauvegarder l’intégralité de la propriété).

*Sur une population de 370 000 habitants en 1914, l’Aveyron a eu 4,05 % de pertes pour 3,29 % au plan national.

Depuis la fin de la guerre de 1914, compte tenu des besoins de main d’œuvre un important prolétariat immigré est venu s’installer en Aveyron. Jusqu’à la guerre de 1914 le département ne connut pas d’immigration étrangère mais au contraire un exode rural important vers la région parisienne majoritairement mais aussi dans d’autres régions françaises voire à l’étranger. Dés 1921, conséquence de la guerre et du déclin démographique qu’elle a accéléré, le département compte déjà 5180 étranger essentiellement pour travailler à l’exploitation du bassin houiller de Decazeville. C’est le début de l’arrivée des colonies espagnole, polonaise, italienne,Tchèque, yougoslave etc…

Le département a donc profité de la politique d’accueil de main-d’œuvre étrangère en France, très ouverte durant l’entre-deux-guerres pour pallier le manque de main d’œuvre. Il faut distinguer deux fortes cohortes, l’une de Polonais et l’autre d’Espagnol évalués au 31 décembre 1939 à 10000 unités qui travaillent surtout dans le bassin. La colonie espagnole, la plus importante, est très hétérogène, elle est formée d’émigrés économiques installés durablement et de réfugiés politiques fuyant le franquisme qui s’impliqueront fortement dans la résistance notamment, par ex., avec la neuvième brigade de guérilleros (FTP MOI)

Nota : les ganteries de Millau n’utilisaient pas d’ouvriers étrangers, ce métier impose une main d’œuvre extrêmement spécialisée.

I-2 L’économie

Au point de vue économique, l’Aveyron à la veille de la seconde guerre mondiale est surtout agricole avec une dominante rurale : 6 actifs sur 10 sont des travailleurs de la terre et trois habitants sur quatre vivent de l’agriculture.

Considéré comme un espace rural traditionnel et archaïque, l’Aveyron a peu profité des grands bouleversements économiques et sociaux de la période de l’Entre-deux- guerres. La lenteur avec laquelle les progrès techniques et culturaux se sont généralisés amène l’agriculture aveyronnaise à des performances qui se situent, en 1939, assez loin des grandes régions agricoles françaises.

L’ouest du département est une exception avec le bassin houiller où se concentre une grande activité houillère et métallurgique et Capdenac avec un important nœud ferroviaire et, en corollaire, une forte concentration ouvrière combative. ( 9000 travailleurs en 1939 pour le bassin et 1400 cheminots à Capdenac, Le bassin houiller de Decazeville (Combe, Aubin, Cransac, Firmi) a une étendue de 90 km² et renferme des couches dont l’épaisseur s’élève parfois à 80 mètres et plus. Longtemps le charbon fut exploité en découverte et en 1939 les galeries souterraines prennent la place principale. La production annuelle moyenne est d’un million de tonnes soit le 7ème rang français. La société Commentry-Fourchambault réunit dans un même groupe mines de houille , mines de fer, une usine métallurgique (charpentes ,tubes d’acier et pipeline) avec les fours à coke et d’importants ateliers de fabrication. A Decazeville s’est installée aussi une usine moderne d’utilisation industrielle du Gaz et sous produits fournis par les cokeries. ) La fonderie de Viviez et le laminoirs de Penchot produisent 23 % du zinc français.L’arrivée du chemin de fer au milieu du XIXème siècle avec l’implantation d’une étoile ferroviaire à 5 branches a fait de Capdenac la plaque tournante de tout le sud du Massif Central en reliant les villes de Brive ,Toulouse , Cahors , Rodez et Aurillac et a conditionné le développement de la ville et de la région .

Millau premier centre de ganterie de France où le travail des peaux occupe plusieurs milliers d’ouvriers et d’ouvrières.

La France de Vichy présentera aux yeux de l’ennemi deux charmes majeurs, sa neutralité bienveillante dans le conflit et sa richesse. C’est le plus grand pays industriel occupé par l’Allemagne, une production considérable et une main d’œuvre hautement qualifiée. Et plus encore que la production , c’est cette main d’œuvre qui attire le Reich privé des millions d’hommes qui combattent en Russie

Et naturellement, comme partout en France, prés de 3000 travailleurs du département seront requis au service de l’Allemagne hitlérienne et une grande part de la production agricole et la plupart des activités industrielles aveyronnaises seront accaparés par l’économie de guerre du Reich. Le charbon du bassin houiller de Decazeville servira, entre autres, à alimenter la kriegsmarine basée à Bordeaux et les convois SNCF de la vallée du Rhônes ainsi que leurs véhicules. Les allemands fabriquaient du benzol par la distillation du charbon.(Après modification appropriée du carburateur des voitures le benzon était utilisé comme carburant ). Le cuivre et le bronze produit à Boisse-Penchot partiront en pleins wagons vers l’Allemagne. D’énorme quantités de moufles et de gilets fourrés produits à Millau équiperont les combattants allemands sur le front Russe. Etc ….

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